Nos premières impressions
Changement radical d’organisation, vous l’aurez remarqué ! Impossible de les comparer bien entendu, mais nous cherchions à voir différentes associations justement pour observer le fonctionnement de chacune des ONG dans lesquelles nous passons : souhait réalisé !
Quand nous arrivons dans les locaux de Taramana, nous sommes accueillies par l’ensemble de l’équipe, dont Laëtitia, avec qui nous avions pu échanger par Skype quelques jours avant le départ. Nous rencontrons également le nouveau directeur, Patrick, à son poste depuis 6 mois. Il y a aussi les profs de français, de khmer, d’anglais, le libraire, l’infirmier, Jean-Paul (coordinateur social), et 3 bénévoles françaises : Laurine (animatrice auprès des enfants), Laure (travaillant sur la communication) et Océane (dans la recherche de sponsors).
Bon vu les prénoms, vous vous doutez qu’il n’y a pas de problèmes de communication entre l’équipe & nous, mais du coup attention à ne pas trop s’enfermer entre français qui serait une solution de facilitée… !
(D’ailleurs petit point prénoms : entre Lauranne, Laure, Laurie (LRDE) et Laurine, y’a de quoi se perdre, on vous l’dit)
Les enfants nous accueillent en nous criant un joli « Bonjour à tous ! », alors nous leur répondons d’un merveilleux « Tchoum riep sour ! ».
13h00 sonne, nous voyons tous les enfants se mettre en rang l’un derrière l’autre, en séparant les garçons des filles. Les salariés et professeurs se mettent en ligne devant eux. Un des salariés leur demande de mettre le pied droit devant, puis le pied gauche, puis de se remettre droit. Laëtitia nous explique que tous les lundis & tous les vendredis, les enfants chantent l’hymne national (ce qui se fait dans les écoles publiques). Un enfant est désigné au hasard pour se mettre devant les autres enfants et entamer l’hymne, suivi des autres, tous en cœur. Puis un des salariés fait le point sur des informations sur la journée. Une fois le rituel fini, les enfants se dirigent vers leurs salles de classe en fonction de leur emploi du temps, sous forme de 3 groupes (en fonction de leur niveau et non de leur âge).
Le rituel (quotidien) a pu nous questionner : pour certains, ce rassemblement permet un retour au calme après la récréation qui peut parfois être très bruyante ; pour d’autres, c’est très militaire. Nous, nous sommes partagées entre les deux… Il est vrai que nous avons été étonnées d’assister à cela, c’est en effet un moment très directif et militaire mais les enfants ont besoin d’un moment pour se rassembler, faire un retour au calme avant de rentrer en classe. Il faut dire qu’ils se donnent à fond pendant les récrés ! Dans tous les cas, l’objectif reste d’être dans une continuité de l’école publique où les enfants sont scolarisés le matin ou l’après-midi, où ce rassemblement est pratiqué.
Pour le premier jour, nous restons plus dans l’observation de Laurine, l’animatrice qui est là depuis 2 mois : nous voulons savoir comment elle fonctionne, quelles difficultés elle rencontre, qu’elle nous parle des journées, du matériel, des enfants, etc. Nous nous mettons dans la salle d’activités où elle fait faire un bricolage aux enfants sur le thème de la Chine. Il y a peu d’interactions avec les enfants car ils ne parlent pas beaucoup l’anglais et nous ne parlons pas beaucoup le khmer… Tout se passe dans les gestes, les sourires et les regards.
Le deuxième jour, nous avons sorti le Möllky, & là… succès fou ! Beaucoup de rires, les enfants ont été super contents de découvrir ce jeu ! Comme quoi, le Möllky c’est comme la pétanque, c’est international !
(Point info : les cambodgiennes sont championnes du monde de pétanques, oui oui oui !)
Peu à peu, nous arrivons à rentrer en contact avec les enfants. Quand nous sommes arrivées un matin, ils sont venus vers nous en disant « Play, play ! » : comme quoi, ils ont bien retenu pourquoi nous étions là, et ça, c’est vraiment trop chouette !
Le contact avec les enfants met du temps à se créer. Peut-être la barrière de la langue est-elle un frein ici ? Ou peut-être que le fait de nous retrouver entre français dans l’équipe peut freiner les enfants à venir nous parler ? Ou peut-être que l’âge des enfants fait qu’ils sont beaucoup plus indépendants & autonomes ? Ou peut-être est-ce le fonctionnement de la structure fait que nous voyons moins les enfants (une heure par jour) ce qui, de fait, met plus de temps à créer ce lien ? Nous ne savons pas, mais ce n’est pas grave ! Nous continuons à jouer avec eux, à les encourager (surtout dans le Möllky !) et à imaginer de nouvelles choses pour eux. Chaque chose en son temps ! Nous nous adaptons continuellement au lieu, aux enfants, au quotidien…
Sur les deux mois à venir, nous discutons d’un projet avec Laurine : une sorte de petit spectacle fait par les enfants. Nous vous en parlerons plus tard dans un nouvel article ! Patience !
Il est vrai que nous avons quelques regrets auprès de cette association au niveau de notre investissement, en terme de durée : « seulement » deux mois…
En effet, de par l’organisation des groupes, le lien avec les enfants est bien plus long à créer. Il nous est plus difficile de retenir leurs prénoms, de connaitre leurs caractères, leurs goûts…
D’autant plus qu’il va y avoir un roulement au mois de décembre : les groupes du matin vont passer l’après-midi et inversement. Ainsi début décembre on se retrouve avec trois nouveaux groupes d’enfants alors que nous commençons tout juste à connaitre les trois premiers groupes…
Nous aurions envie de faire pleins de projets ici, l’équipe du staff étant très en demande. Des projets où notre patte d’EJE aurait été vraiment pertinente (réaménagement de l’espace récré, de la librairie…).
Projet marelle !
Nous avions écrit un projet avant d’arriver, sur le « qui suis-je ? », car ici les enfants sont beaucoup dans le recopiage et peu dans l’imaginaire, la créativité. Au Cambodge, on pense avant tout collectif qu’individuel.
La façon dont nous avions pensé ce projet ne nous parait pas réalisable après avoir observé le fonctionnement. Pas de panique, on garde l’idée mais on réajuste ! C’était ça aussi l’objectif de notre voyage… partir avec des idées mais les déconstruire en arrivant dans les associations ! C’est super intéressant de manier cela : comment parvenir à répondre à un objectif donné tout en s’adaptant à la réalité et l’unicité de chaque lieu ?
La création d’un petit spectacle est un moyen pour nous de détourner ce projet : les enfants pourront s’affirmer, leader un groupe, prendre des décisions individuelles et collectives nécessitant de se mettre en accord, d’écouter les avis et envies de chacun…
En bref, ici, quelques regrets de ne pouvoir rester plus longtemps pour pouvoir montrer des projets qui nécessiteraient plus de temps pour avoir un impact et pour connaitre davantage les enfants qui viennent à Taramana.
Mais nous nous attendions à ce genre de regrets car cela fait partie du choix que l’on a fait avant de partir. Soit nous restions plus longtemps dans les associations mais nous en découvrions moins, soit nous en rencontrions davantage mais en diminuant notre présence (tout en restant un minimum de temps de 2 mois afin de pouvoir mettre en place quelques projets et surtout créer un lien avec les enfants). Le choix fut de découvrir le plus de façon de fonctionner, de pratiques, de faire plus de rencontres… Et ça nous ne le regrettons pas car c’est vraiment enrichissant pour nous !
Nous nous adaptons en mettant en place des projets moins ambitieux mais tout aussi pertinents et intéressants pour les enfants. Nous oublions rapidement nos petits regrets avec ces enfants, toujours pleins d’enthousiasmes et de joie de vivre quand nous venons à leur rencontre et lorsque nous leur proposons de nouvelles choses.