Les premières semaines à MRVC

— Si vous ne l’avez pas déjà lu, retrouvez la présentation de l’association en cliquant ici : fonctionnement du centre. —

Cela fait maintenant 5 semaines que nous sommes arrivées au foyer MRVC (après une petite semaine de vacances à Siem Reap, histoire de prendre ses marques et de se reposer, vous voyez bien…)

  • Notre arrivée :

Nous sommes arrivées lundi 7 janvier en fin de matinée. Mr NATH, conducteur de tuk-tuk, nous a emmené jusqu’à la maison de Madame Sokha, la gérante cambodgienne du foyer. Nous y avons déposé nos valises, et puis mangé le repas que Sokha nous avait préparé. Et ensuite… Direction le foyer, à quelques mètres de la maison dans laquelle nous allons vivre 2 mois.

Nous avons été accueillies par touuuus les enfants (ou presque !). Tous assis en rond dans le salon, avec Mom (la maman nourrice). Au total à l’heure actuelle, ils sont 12 jeunes internes et 4 jeunes externes (c’est-à-dire qu’ils vivent chez leurs parents, mais le parrainage continu).

Aller, on vous fait un petit tour des prénoms des jeunes ! Tous les jours, nous voyons Tem, Srey Neang, Sam Nang, Phoeurt, Ranin, Sophoan, Sopheak, Sopheap (trois frères et sœurs), Reaksa, Lay Heang, Chetana, et Lea Khann (fille et fils de Mom).

Lisa et Chisen (frères et sœurs), Ranut, et Si Layie sont les 4 jeunes externes. On les voit de temps en temps, ils nous rendent visites ! Ils vivent chez leurs parents, mais ils continuent d’aller à l’école et sont donc parrainé au même titre que les jeunes internes.

Sam Nang

Sophoan & Ranin

Srey Neang & Lay Heang

Chetana & Sivlan (Elles sont sœurs, filles de Mom. Sivlan est prof d’anglais maintenant.)

Sopheap

Phoeurt & Tem

Sopheak

Nous avons passé notre première après-midi à discuter en tailleur par terre (aïe nos fesses), à se poser des questions sur tout et n’importe quoi, ils nous montrent leur emploi du temps, nous discutons de la scolarité ici… Un super moment, très rigolo car ponctué d’incompréhensions, de mauvaises prononciations en khmer et en français, ou de blagues. On fait le tour des prénoms, mais difficile en une journée de se les mettre en tête, alors on décidera de les marquer sur un petit tableau accroché dans le salon. Très belles anti-sèche ça !

Vous pouvez voir les différentes tentatives des jeunes pour écrire nos prénoms ! Pas si simple 😉

Au bout de deux ou trois jours, nous remarquons que nous ne voyons pas beaucoup les jeunes la journée finalement… Ils ont tous un emploi du temps surchargé entre cours obligatoires et cours supplémentaires ou devoirs, ou encore leur travail. Certains commencent à 6h pour finir à 20h… Impressionnant. Nous les voyons donc que le soir ou le Week-end !

  • Les cours de français :

Grosse surprise pour nous, le premier soir ils nous demandent si on peut commencer des cours de français dès le lendemain ! On les prévient qu’on est vraiment pas des profs et qu’on ne sait pas comment faire, mais qu’on veut bien relever le défi ! Ils sont trop contents et surtout ULTRA motivés. Du coup, tous les soirs de 19h00 à 20h00, cours de français : en ce moment nous voyons la présentation de soi, ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Puis petit à petit, nous allons arriver à l’expression de ses émotions dans telle ou telle situation. Ça va être intéressant ! Nous essayons de rendre ça un petit peu dynamique pour changer du format de leurs cours habituels. Du coup, nous sommes actuellement dans la création d’un jeu de l’Oie revisité, nous vous montrons ça prochainement 😉

Phoeurt, Chisen & Sophoan

  • Les jeunes :

Nous remarquons déjà quelques caractères : du plus fort au plus effacé, du plus sûr au plus timide, chacun se démarque à sa façon. Ici, c’est comme une grande famille. On se taquine, on se chamaille, on s’aide, on se parle, mais surtout on rigole bien ! C’est vraiment un grand changement pour nous que de travailler avec des adolescents. En France, nos études se concentrent uniquement sur les enfants de 0 à 7 ans, alors pour le coup on est bien sorties de notre cadre habituel. Ça nous faisait un peu peur, on l’avoue. Et finalement, ben on s’est fait des copains quoi, et c’est trop cool ! Même avec les plus timides au début, on sent qu’il y a des liens qui se créent. Des liens qui vont devenir très fort entre nous, c’est une certitude.

On sent une incroyable détermination en eux. Peut-être est-ce moins flagrant en France, non ? Tiens, faisons une petite parenthèse « Parlons des ados de France et du Cambodge »… Le débat est grand mais intéressant. Nous, la première chose qui nous vient en tête quand on parle des adolescents occidentaux, c’est quoi ? C’est « crise », « ingrats », « blasés », « flemmards », « caractériels », « pommé », « recherche d’identité ». Pas des trucs trop chouettes, vous voyez ? Et vous ?

Et la première chose qui nous vient à l’idée quand on parle d’un adolescent au Cambodge ? « Courage », « force », « motivation », « détermination », « mérite », « curieux ». Vous voyez la différence ? Quand on pose ça sur le papier, ça fait un peu peur quand même.

Ça ne nous renverrait pas à l’image de nous qu’on avait quand on était ado tout ça ?

Pourquoi nous pensons ça ? D’où viennent ces idées ? Est-ce une réalité ? Une influence sociale ? Est-ce une image qu’on nous a véhiculé depuis toujours ? « Oh c’est un ado, il est boutonneux et flemmard, il fait des conneries, il ne veut rien faire et n’est jamais content. ». Du coup cette image qu’on a de l’adolescent, elle persiste et les ados l’impriment, c’est comme ça et pas autrement. Qu’en pensez-vous ? Comment vous voyez l’adolescence vous ?

Ce qui peut faire la différence c’est qu’effectivement certains adolescents en France ne mesurent surement pas la chance qu’ils ont de pouvoir étudier (presque) gratuitement. Au Cambodge, quoique tu veuilles faire pour t’instruire, tu dois payer pour absolument tous les cours. Et si tu n’as pas assez de sous ? Sois tu as un professeur arrangeant qui veut bien te faire cours gratuitement, soit tu arrêtes les études et tu cherches un travail.

Autre chose qu’il ne faut pas oublier, c’est leur passé vis-à-vis de l’accès à la culture et aux études. Il ne faut pas l’oublier oui, mais quand on a pu en parler avec certaines personnes au Cambodge, selon eux, il faut aller de l’avant maintenant. Et ils s’en sortent extrêmement bien ! Ils savent que c’est fini, et qu’ils ont leur avenir entre les mains. Ils ne comptent que sur eux pour réussir, ils gardent leur rêve en tête, et ils savent qu’ils peuvent y arriver. Alors oui, heureusement qu’il existe des ONG qui mettent en place le système de parrainage qui offre la possibilité à des enfants de s’en sortir malgré toute la misère autour d’eux.

Ce que nous avons pu remarquer, c’est que les jeunes, bien qu’en grande précarité financière (accompagnée parfois souvent de conditions familiales plus que compliquées) ne s’apitoient pas sur ce qui a pu leur arriver, et ne laissent pas la place à la pitié. C’est sans doute cela qui leur donne la force de se battre, afin d’offrir un avenir meilleur à leur famille (et leur future famille).

Changeons notre regard sur l’adolescent, donnons-lui l’opportunité de voir le meilleur de lui-même et qu’il sache qu’il est important. Observons-le, écoutons-le, orientons-le. Offrons-lui le meilleur de nous-même pour qu’il puisse offrir le meilleur de lui. Les enfants et les adolescents sont le futur, prenons en soin. Sensibilisons-les à l’importance de faire des études, qu’elles soient courtes ou longues. Parrainez, faites partie d’une asso qui aide à la scolarisation, à l’alphabétisation, félicitez, encouragez, accompagnez… Il y a de quoi faire !

UN PEU DE POSITIVITE ET DE BIENVEILLANCE, ZUT ALORS !

5 réponses sur “Les premières semaines à MRVC”

  1. Merci les filles beau texte?
    J’ espère que Lisa va bien et que sa formation lui plaît.
    Je vous verrai lors de notre connexion programmée le samedi 23 j’ espère que Lisa sera là. Bisous bisous ?
    Patricia

    1. Merci Patricia !
      Lisa est tous les jours chez ses parents et semble travailler beaucoup, mais nous avons fait passer le message pour le 23. Nous croisons les doigts pour qu’elle soit là ! Et si non, il est évident que nous trouverons une deuxième date et qu’un appel pourra être organisé… Toujours une solution !
      Gros bisous !

  2. Oui, magnifique texte. ça fait réfléchir et confirme, conforte notre engagement pour ces jeunes.
    Bravo les filles!
    Le correspondant de presse du Journal Presse-Océan ( Jacques Riot de Pornic) souhaiterait faire un article sur votre expérience au Cambodge. Il lui faut une photo pas trop lourde ( 400) et un article de 1000 mots à peu près ( ça peut dépasser un peu!)

  3. Merci pour les magnifiques photos! ils ont encore grandi !!!
    Vos réflexions sont très pertinentes et font du bien!

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