Et les semaines suivantes… Partie 2 !

Dans la suite de la première partie, nous continuons de vous partager nos impressions, notre vie, nos constats… au centre d’MRVC.

  • Mary

Mary a eu 3 ans le 25 mars ! Elle habite chez Mom avec les jeunes, car ses parents travaillent tôt le matin et tard le soir. C’est la petite fille de Sokha, la dame chez qui on loge.

Entourée de tout ce petit monde, elle est cajolée, câlinée, reniflée (Un peu surprenant oui… Mais c’est leur manière de faire des bisous !) et embêtée évidemment !

Sur ces 3 petits mois, immergées dans leur vie de famille, nous avons pu observer certaines pratiques éducatives auprès de Mary.

Mary vit au milieu de tous ces adolescents. Parfois pas tendres avec elle, c’est un peu « qui aime bien, châtie bien » ! Mais elle a aussi la place de la petite sœur dont il faut prendre grand soin, toujours présents pour jouer avec elle et toujours présents pour lui donner un bonbon quand elle pleure. Ah bah c’est une méthode, on ne le nie pas, ça marche pas trop mal…

Juste après un gros chagrin… à défaut d’avoir un bonbon cette fois c’était le petit chaton qui passait par là !

D’ailleurs, en parlant de donner un bonbon quand elle pleure, parlons marchandage : c’est une méthode beaucoup utilisée avec Mary… « Si tu manges pas, tu dors pas avec moi ! » ou bien « Si tu fais pas ça, je ne t’aime plus ! ». C’est un peu compliqué à gérer parce-que Mary est une petite fille très sensible… Et il y a de quoi, face à des phrases comme celles-ci. Ça la heurte, et elle pleure (des pleurs qui viennent du cœur, des gros sanglots…). De notre côté, pas évident à gérer non plus : la barrière de la langue fait qu’il est plus difficile d’expliquer notre point de vue. Étant issues de deux cultures différentes, il nous est difficile d’intervenir dans ce genre de situation sans prôner que notre point de vue sur l’éducation serait le meilleur. La question peut se poser : est-ce un constat influencé par la culture du pays ? Ou une manière de faire propre à certaines familles ?

Notre œil d’éducatrices de jeunes enfants nous rappelle les conséquences que ce genre de phrases, de façon répétées, peuvent avoir : impacts sur la confiance en soi, en l’autre, et sur le développement de l’estime de soi… entre autre. Dans une optique de non-jugement, nos questionnements autour de nos observations nous permettent d’être dans une démarche de compréhension. Notre posture, de par nos gestes et nos paroles, montre une autre manière de faire. Nous aussi, nous sommes observées ! Pour le moment, c’est la manière de faire qui nous correspond le plus. C’est long, pas toujours concluant (surtout sur seulement 3 mois), mais cela nous semble ni intrusif, ni jugeant, ni violent, ni imposé.

Au-delà de notre posture auprès de l’adulte qui éduque, il nous tient très à cœur de montrer aussi à l’enfant qu’une personne peut avoir une réaction, des mots, des gestes différents d’une autre. Alors que certains vont se moquer, taper, faire chanter d’autres vont écouter, rassurer, prendre dans les bras, soigner.

Gardons à l’esprit que tous ces mots et ces gestes ayant une connotation violente pour nous, ne l’est pas forcément pour celui qui le fait : un parent, des grands-parents, un frère… En fonction de ce qu’il a lui-même reçu, chacun donne le meilleur de ce qu’il a, chacun pense transmettre le meilleur à ses enfants.

Au Cambodge, c’est ce qui nous a le plus déstabilisé… Toutes ces marques d’affections qui nous semblent intrusives, violentes et pulsionnelles : les fessées qui sortent de nul part, les tirages de joues et d’oreilles, et le plus fréquent… les pincements.

Nous avons aussi été surprises par le comportement de Mary, pourtant si jeune. A tout juste 3 ans, elle est d’une incroyable aisance motrice et intellectuelle : elle s’applique au dessin à ne pas dépasser, elle peut se concentrer très longtemps avec minutie, elle est très réactive et percute très rapidement comment fonctionne les jeux, elle a une mémoire et un esprit de logique impressionnant. Elle grimpe un peu partout, elle danse. Bref, nous, nous avons rarement vu tout ça, en même temps, à cet âge ! La question se pose encore : est-ce le cas pour une majorité d’enfants ici ? Sont-ils globalement très stimulés ? Ou est-ce une particularité chez Mary, qui, entourée de jeunes, se développe aussi rapidement ?

Globalement nous avons observé qu’ici, la motricité libre est très présente. Nous, de notre œil d’éducatrices de jeunes enfants (encore !), on trouve cela super de voir de si jeunes enfants se débrouiller aussi bien et être si à l’aise dans leurs corps. Au niveau de la confiance en soi, on est au top ! Mais une question est alors apparue : la motricité libre, est-ce réellement un choix éducatif ? Ou est-ce que ces enfants sont libres « malgré eux » ? Dans le sens où, très jeunes, ils peuvent parfois être livrés à eux-mêmes pour plusieurs raisons : les adultes ne sont pas toujours disponibles (physiquement, ou psychiquement, ayant des priorités ailleurs) ; un rapport avec la sécurité beaucoup plus souple ; une volonté que les enfants sachent se débrouiller seuls rapidement…

On ne sait pas si c’est voulu ou non, bénéfique ou non, on ne sait pas l’impact que cela peut avoir… Mais nous observons que pour beaucoup d’entre eux, cela semble être un réel plaisir d’avoir autant de liberté !

Et quel plaisir d’apprendre à faire tout seul dès tout petit, quand on a des grands qui nous entourent et font plein de choses trop chouettes !

Pour conclure sur des jolies pensées, Mary, pour nous, c’est une petite fille qui est heureuse et qui respire la joie de vivre. On aurait pu passer des heures à la regarder… Et on ne s’est pas privées pour le faire ! Ces 3 mois sont passés très vite. On la vue évoluer, jouer, danser, rire, pleurer, manger, dormir, faire des blagues, parler anglais (le magique « Oh my God ! », mémorable…). Mary, on ne l’oubliera pas !

  • Appels des parrains marraines

Nous avons profité de notre présence sur place pour faire des appels en vidéo conférence avec les parrains et les marraines de presque tous les enfants. Un moment fort en émotion pour tous. Les ados étaient super excités à l’idée de voir ceux avec qui ils échangent par courrier depuis plusieurs mois voire années… car pour beaucoup ils ne les avaient vu qu’en photos !

Ils étaient tous fiers de pouvoir leur parler quelques mots en français, et ne se sont pas gênés pour se moquer des accents anglais de leurs parrains et marraines.

Un beau moment de rencontre, d’échanges, de rires… et quelques larmes versées par certaines marraines !

Merci la technologie 😉

Le jour où les ados ont ouvert les courriers que les parrains et marraines leur avaient écrit.
  • Semaine française

Depuis maintenant 2 ans, une semaine française est organisée à Siem Reap. C’est l’occasion pour les entrepreneurs français implantés dans la ville de présenter leurs activités, les spécialités de notre pays… Cet évènement est gratuit.

Avec les jeunes du centre, nous sommes allées à deux manifestations : un premier jour pour l’ouverture du village français avec un spectacle de danse mêlant le style contemporain et khmer suivi d’un défilé de mode. Puis un deuxième jour pour voir une projection d’un film d’action très connu au Cambodge : Jailbreak qui était en VO (khmer) sous-titré anglais et français. A la fin du film, les acteurs étaient présents… donc nous avons fait nos fans et nous sommes allées faire une (ou plusieurs) photo(s).

Nous avons passé deux supers moments. C’était l’occasion de faire une sortie en dehors du centre, ce qui n’était pas gagné d’avance… entre les tuk-tuk qui ne sont jamais venus, ceux qui sont arrivés et ne voulaient prendre que 3 personnes maximum (nous étions 13) … mais avec 1$ de plus nous sommes tous rentrés dedans comme par magie (un tuk-tuk à 6 et un autre à 7) 😉

4 réponses sur “Et les semaines suivantes… Partie 2 !”

  1. Encore Bravo les filles c’est vraiment super, la confrontation des deux cultures et surtout la façon d’éduquer est très différente, cela peu choquer mais il est vraie que les enfants grandissent plus vite que chez nous, ils se débrouillent souvent tout seul et ont très vite la responsabilité des plus petits, qu’est-ce qui est le mieux!!!!!
    Bon séjour à Sihanoukville

    1. Vaste question que voilà et qui n’a surement pas de réponse d’ailleurs !
      Une grande claque culturelle oui, mais qu’est ce qu’on apprend de belles choses ici 🙂
      Merci beaucoup, tout se passe super bien à Klang Leu !

  2. Merci Elyse et Lauranne pour vos commentaires toujours aussi intéressants.
    On en sait plus sur Mary, nous, qui l’avons connue il y a un an et demi déjà!
    Bonne suite pour une nouvelle aventure à Sianoukville!
    La saison des pluies va vous faire du bien après les 42 degrés du mois d’avril!
    je vous embrasse très fort!

    1. La saison des pluies n’a pas commencée encore, ils l’annoncent pour fin juin… mais on a déjà beaucoup moins chaud (en bord de mer) et ça fait vraiment du bien !!! Maintenant on a plutôt entre 28 et 33 degrés et avec de l’air : c’est parfait 🙂
      Bisous

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