Présentation de Taramana

Petit point d’histoire : le centre Taramana a été créé en 2005 à l’initiative des trois docteurs au retour d’une mission humanitaire au Cambodge, Jocelyn Dordé (l’actuel président de l’association), Dolores et Eric Brunot. La toute première action de cette ONG fut de soutenir les études de deux enfants cambodgiens qui étaient surnommés « Tara » et « Mana ». C’est en 2006 que Taramana prend plus d’ampleur en s’orientant vers un soutien généralisé auprès de enfants provenant du bidonville accolé nommé Boeng Salang où les familles vivent dans des conditions extrêmement précaires.

L’ONG permet aux enfants de Boeng Salang de se rendre à l’école publique. Le centre est un lieu ressource pour ces jeunes qui peuvent y venir pour du soutien scolaire après l’école (cours de khmer, d’anglais, de français…) et aussi pour se détendre et avoir accès à des activités extra-scolaire (activités sportives, manuelles…). Ils y trouvent aussi une librairie et une salle de musique. Les enfants peuvent s’y doucher et ont accès à la cantine le midi pour se restaurer.

Le premier axe d’action de Taramana vous l’aurez compris est l’éducation. Mais l’ONG agit aussi sur la prévention à la santé et à la nutrition en permettant aux enfants de bénéficier d’un suivi médical.

Ici les enfants vont à l’école soit le matin soit l’après-midi. Ainsi l’accueil des enfants au centre Taramana est organisé en deux groupes (matin et après-midi) fin d’être dans la continuité de l’école publique.

Chaque lundi et vendredi les enfants chantent l’hymne nationale du pays.

L’entrée de Taramana

 La salle d’activités 

Une des salles de classe

La cuisine

Petite vue sympa, quand on est dans la cuisine

Nous nous rendons à Taramana du lundi au vendredi chaque après-midi à partir de 13h pour le rassemblement. Nous sommes à environ 9 km de l’association LRDE où l’on passe nos matinées.

Le midi nous mettons 40 minutes de tuk-tuk pour y aller. Le soir par contre la circulation est impressionnante ici… alors nous terminons à 16h30 et c’est parti pour 1h30 minimum de tuk-tuk !

Notre journée type :

12h – Départ de LRDE

13h – Arrivé à Taramana et rassemblement des enfants

13h/14h – Deux groupes sont en cours de soutien et un groupe est à la librairie ou en activité.

14h/15h – Roulement des groupes.

15h/15h30 – Récréation. Les enfants sont libres de sortir du centre pour aller s’acheter des petites choses à manger auprès des commerçants ambulants.

15h30/16h30 – Dernier roulement des groupes.

16h30 – Les enfants rentrent chez eux et nous aussi. Certains soirs quelques enfants vont au foot, au rugby, à la danse… Il y a aussi des cours d’informatiques.

 

Retrouvez ici notre article sur notre vie à Taramana !

1ère semaine, du 12 au 16 Novembre 2018

Nos premières impressions

Changement radical d’organisation, vous l’aurez remarqué ! Impossible de les comparer bien entendu, mais nous cherchions à voir différentes associations justement pour observer le fonctionnement de chacune des ONG dans lesquelles nous passons : souhait réalisé !

Quand nous arrivons dans les locaux de Taramana, nous sommes accueillies par l’ensemble de l’équipe, dont Laëtitia, avec qui nous avions pu échanger par Skype quelques jours avant le départ. Nous rencontrons également le nouveau directeur, Patrick, à son poste depuis 6 mois. Il y a aussi les profs de français, de khmer, d’anglais, le libraire, l’infirmier, Jean-Paul (coordinateur social), et 3 bénévoles françaises : Laurine (animatrice auprès des enfants), Laure (travaillant sur la communication) et Océane (dans la recherche de sponsors).

Bon vu les prénoms, vous vous doutez qu’il n’y a pas de problèmes de communication entre l’équipe & nous, mais du coup attention à ne pas trop s’enfermer entre français qui serait une solution de facilitée… !

(D’ailleurs petit point prénoms : entre Lauranne, Laure, Laurie (LRDE) et Laurine, y’a de quoi se perdre, on vous l’dit)

Les enfants nous accueillent en nous criant un joli « Bonjour à tous ! », alors nous leur répondons d’un merveilleux « Tchoum riep sour ! ».

13h00 sonne, nous voyons tous les enfants se mettre en rang l’un derrière l’autre, en séparant les garçons des filles. Les salariés et professeurs se mettent en ligne devant eux. Un des salariés leur demande de mettre le pied droit devant, puis le pied gauche, puis de se remettre droit. Laëtitia nous explique que tous les lundis & tous les vendredis, les enfants chantent l’hymne national (ce qui se fait dans les écoles publiques). Un enfant est désigné au hasard pour se mettre devant les autres enfants et entamer l’hymne, suivi des autres, tous en cœur. Puis un des salariés fait le point sur des informations sur la journée. Une fois le rituel fini, les enfants se dirigent vers leurs salles de classe en fonction de leur emploi du temps, sous forme de 3 groupes (en fonction de leur niveau et non de leur âge).

Le rituel (quotidien) a pu nous questionner : pour certains, ce rassemblement permet un retour au calme après la récréation qui peut parfois être très bruyante ; pour d’autres, c’est très militaire. Nous, nous sommes partagées entre les deux Il est vrai que nous avons été étonnées d’assister à cela, c’est en effet un moment très directif et militaire mais les enfants ont besoin d’un moment pour se rassembler, faire un retour au calme avant de rentrer en classe. Il faut dire qu’ils se donnent à fond pendant les récrés ! Dans tous les cas, l’objectif reste d’être dans une continuité de l’école publique où les enfants sont scolarisés le matin ou l’après-midi, où ce rassemblement est pratiqué.

Pour le premier jour, nous restons plus dans l’observation de Laurine, l’animatrice qui est là depuis 2 mois : nous voulons savoir comment elle fonctionne, quelles difficultés elle rencontre, qu’elle nous parle des journées, du matériel, des enfants, etc. Nous nous mettons dans la salle d’activités où elle fait faire un bricolage aux enfants sur le thème de la Chine. Il y a peu d’interactions avec les enfants car ils ne parlent pas beaucoup l’anglais et nous ne parlons pas beaucoup le khmer… Tout se passe dans les gestes, les sourires et les regards.

Le deuxième jour, nous avons sorti le Möllky, & là… succès fou ! Beaucoup de rires, les enfants ont été super contents de découvrir ce jeu ! Comme quoi, le Möllky c’est comme la pétanque, c’est international !

(Point info : les cambodgiennes sont championnes du monde de pétanques, oui oui oui !)

Peu à peu, nous arrivons à rentrer en contact avec les enfants. Quand nous sommes arrivées un matin, ils sont venus vers nous en disant « Play, play ! » : comme quoi, ils ont bien retenu pourquoi nous étions là, et ça, c’est vraiment trop chouette !

Le contact avec les enfants met du temps à se créer. Peut-être la barrière de la langue est-elle un frein ici ? Ou peut-être que le fait de nous retrouver entre français dans l’équipe peut freiner les enfants à venir nous parler ? Ou peut-être que l’âge des enfants fait qu’ils sont beaucoup plus indépendants & autonomes ? Ou peut-être est-ce le fonctionnement de la structure fait que nous voyons moins les enfants (une heure par jour) ce qui, de fait, met plus de temps à créer ce lien ? Nous ne savons pas, mais ce n’est pas grave ! Nous continuons à jouer avec eux, à les encourager (surtout dans le Möllky !) et à imaginer de nouvelles choses pour eux. Chaque chose en son temps ! Nous nous adaptons continuellement au lieu, aux enfants, au quotidien…

Sur les deux mois à venir, nous discutons d’un projet avec Laurine : une sorte de petit spectacle fait par les enfants. Nous vous en parlerons plus tard dans un nouvel article ! Patience !

Il est vrai que nous avons quelques regrets auprès de cette association au niveau de notre investissement, en terme de durée : « seulement » deux mois…

En effet, de par l’organisation des groupes, le lien avec les enfants est bien plus long à créer. Il nous est plus difficile de retenir leurs prénoms, de connaitre leurs caractères, leurs goûts…

D’autant plus qu’il va y avoir un roulement au mois de décembre : les groupes du matin vont passer l’après-midi et inversement. Ainsi début décembre on se retrouve avec trois nouveaux groupes d’enfants alors que nous commençons tout juste à connaitre les trois premiers groupes…

Nous aurions envie de faire pleins de projets ici, l’équipe du staff étant très en demande. Des projets où notre patte d’EJE aurait été vraiment pertinente (réaménagement de l’espace récré, de la librairie…).

Projet marelle !

Nous avions écrit un projet avant d’arriver, sur le « qui suis-je ? », car ici les enfants sont beaucoup dans le recopiage et peu dans l’imaginaire, la créativité. Au Cambodge, on pense avant tout collectif qu’individuel.

La façon dont nous avions pensé ce projet ne nous parait pas réalisable après avoir observé le fonctionnement. Pas de panique, on garde l’idée mais on réajuste ! C’était ça aussi l’objectif de notre voyage… partir avec des idées mais les déconstruire en arrivant dans les associations ! C’est super intéressant de manier cela : comment parvenir à répondre à un objectif donné tout en s’adaptant à la réalité et l’unicité de chaque lieu ?

La création d’un petit spectacle est un moyen pour nous de détourner ce projet : les enfants pourront s’affirmer, leader un groupe, prendre des décisions individuelles et collectives nécessitant de se mettre en accord, d’écouter les avis et envies de chacun…

En bref, ici, quelques regrets de ne pouvoir rester plus longtemps pour pouvoir montrer des projets qui nécessiteraient plus de temps pour avoir un impact et pour connaitre davantage les enfants qui viennent à Taramana.

Mais nous nous attendions à ce genre de regrets car cela fait partie du choix que l’on a fait avant de partir. Soit nous restions plus longtemps dans les associations mais nous en découvrions moins, soit nous en rencontrions davantage mais en diminuant notre présence (tout en restant un minimum de temps de 2 mois afin de pouvoir mettre en place quelques projets et surtout créer un lien avec les enfants). Le choix fut de découvrir le plus de façon de fonctionner, de pratiques, de faire plus de rencontres… Et ça nous ne le regrettons pas car c’est vraiment enrichissant pour nous !

Nous nous adaptons en mettant en place des projets moins ambitieux mais tout aussi pertinents et intéressants pour les enfants. Nous oublions rapidement nos petits regrets avec ces enfants, toujours pleins d’enthousiasmes et de joie de vivre quand nous venons à leur rencontre et lorsque nous leur proposons de nouvelles choses.

1ère semaine, du 12 au 16 Novembre 2018

« Nos premières impressions à LRDE » 

Il est 8h30, nous franchissons le portail de LRDE, et nous sommes accueillies par Chhiv Ngauv, le créateur de LRDE, accompagné de deux femmes travaillant à LRDE. Ils nous souhaitent la bienvenue, et après quelques échanges autour de modalités (les horaires, les jours de présence, notre place dans l’association…), nous allons visiter les locaux (cliquez ici pour voir la présentation de LRDE !).

Quand nous avons eu fini, les enfants nous ont directement sollicité par beaucoup de câlins, de « Hello ! », de tirage de bras pour venir jouer avec eux, d’accrochage à la jambe… mais aussi de regards de loin, nous observant quelques fois mais continuant à jouer comme si de rien était !

Nous observons nous aussi : les petits groupes de copines qui ont l’air de bien savoir ce qu’elles veulent, les plus indépendants jouant dans le bac à sable ou au foot, et les tous petits cherchant des bras pour s’y réfugier bien confortablement.

Et oui, dès le premier jour, dès les premières heures, les histoires de chacun de ces enfants sont traduites dans leur comportement : pour beaucoup d’entre eux, ils paraissent en carences affectives, en carences alimentaires, et en carences sanitaires. Issus d’un milieu très défavorisé (le mot est compliqué à trouver pour définir la vie de ces enfants et ce si grand écart entre nos deux mondes), ceci explique cela vous direz nous… Nous observons beaucoup dagressivité et des gestes forts entre les enfants : tirage de cheveux, coups de poings ou de pieds, claque, jets d’objets, etc. Ce sont des gestes nous laissant perplexes tant ils peuvent être violent. Ce qui nous questionne d’autant plus, ce sont les réactions des enfants : ils pleurent très rarement, ne crient pas, ils en rigolent parfois, ou au contraire, leur regard en dit long sur toute la colère qu’ils peuvent ressentir et enfouir en eux. Ravaler leurs larmes, ça ils savent faire… Pour nous qui prônons l’acceptation des émotions et qui, en France, disons aux enfants « Tu as le droit de pleurer », ici c’est beaucoup plus compliqué : il faut « garder la face » comme ils le disent.

Oui, mais en même temps et à contrario, les enfants sourient tout le temps, éclatent de rire, jouent, mangent, se reposent, dessinent, courent, font de la balançoire Ils n’inspirent nullement la pitié ou la misère, ils nous transmettent des valeurs de partage, de solidarité et de vie : dans tous les gestes du quotidien (manger, se doucher…), la solidarité est impressionnante. Les « grands » prennent soin des petits, c’est incroyable pour nous de voir que si jeunes, ils ont déjà acquis de très belles valeurs qu’ils sont prêts à transmettre. Ce qui peut nous interpeller c’est la façon dont ces enfants semblent se saisir de leur histoire pour acquérir cette force de vie.

Et à vrai dire, nous n’avons pas de repères sur les âges des enfants Ils sont tellement autonomes et débrouillards dès tout petit, que ça en devient déstabilisant pour nous. Sont-ils réellement à leur place d’enfant, comme nous la voyons nous, les Occidentaux ? Comment est pensée la place de l’enfant au Cambodge, et en particulier dans un milieu pauvre ? Pour nous, une partie de la réponse serait que pour les familles, un enfant est une main d’œuvre en plus pour aider à la maison, et aider à se nourrir : en d’autres termes, un enfant peut aider à la survie de la famille. De par le statut économique du pays, la place de l’enfant est donc complètement remise en question pour nous ici.

Nous n’avons pas la réponse à toutes nos questions, et là est tout l’intérêt de ce voyage. Ce qui nous importe, ce n’est ni de porter de jugement, ni de dire qu’une culture est mieux qu’une autre : nos deux pays sont radicalement différents et ne sont donc pas comparables. Chaque famille compose avec l’environnement dans lequel elles vivent, et tentent d’offrir à leurs enfants une place particulière en fonction de leurs ressources, tant financières qu’humaines.

Petit à petit, nous apprenons à connaître les enfants autour de différents moments ou activités : les enfants prennent plaisir à nous montrer à quoi ils jouent et à nous faire participer. La barrière de la langue n’est pas un frein pour rentrer en contact. Nous communiquons par des gestes, de l’anglais, des regards… Et en plus, les enfants plus grands nous donnent des cours de khmer avec grand plaisir ! Ce sont d’ailleurs de super moment de partage et d’échange que nous vivons.

Nous avons pu dessiner : les enfants demandent tous la même chose, c’est trop rigolo : « Me, me ! Ice-cream, ice-cream », « A merry Christmas » (traduisez par « un sapin de Noël »), « Coca-Cola ! » (Oui, ils sont fan des bouteilles de Coca Cola alors on en dessine par dizaine), « a Flower ! », « a carrot ! » (Oui une carotte, pourquoi pas après tout), « an Apple ! », etc. Quand un enfant veut telle chose, toute la table le veut aussi, et dessiné de la même manière ! A nous de leur faire découvrir autre chose, de leur donner la possibilité de faire leur propre choix, et surtout de dessiner par eux-mêmes ce qu’ils ont envie. Ça passe aussi par le dessin l’affirmation de soi, oui oui oui !

Ils ont peu de matériel, à nous de composer avec et de faire preuve d’imagination et d’adaptabilité. Mais pour les enfants, nul besoin de beaucoup de matériel finalement : ils ont toujours plein d’idées et sont toujours partants pour créer de nouveaux jeux ! Croyez-nous, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer. En tant que Françaises ayant toujours eu des réponses à nos besoins, ici c’est un vrai retour à la simplicité !

En parallèle, le plus souvent possible, nous essayons de sensibiliser les enfants à l’environnement : nous ramassons les papiers devant eux, certains nous imitent, d’autres nous regardent. Dans tous les cas, nous savons que même à petite échelle, ça a son importance !

Cette première semaine, vous l’aurez compris, a été riche en émotions et en découvertes. Le lien avec les enfants est déjà très fort et se poursuit. Nous questionnons régulièrement notre place de bénévole au sein de LRDE sur ces 2 mois. Il nous semble impossible de ne pas créer un lien d’attachement fort avec ces enfants, en demande de regards bienveillants et encourageants, d’affection et de valorisation.

Alors ne nous voilons pas la face, oui nous sommes déjà attachées à ces bouts d’chou, oui nous gardons en nous tout l’amour qu’ils nous donnent et oui nous leur donnons tout l’amour que l’on peut… Mais après tout, n’est-ce pas une des raisons de notre venue dans ces associations ?

« Protégez-vous » qu’ils disaient… Nous vous mettons au défi de passer plusieurs mois dans le quotidien de ces enfants sans lâcher prise sur ses émotions, sans accepter que oui, nous les aimons !

« Ce lieu ne fait pas que nourrir les estomacs des enfants, il nourrit aussi leur cœur. » LD. « Et le nôtre. » ELH.

(On a l’âme philosophique aujourd’hui!)

Le Restaurant Des Enfants – Présentation

Le Restaurant Des Enfants a été créé en février 2010 à Phnom Penh. Chhiv Ngauv en est le créateur et le directeur. Le premier but de cette association a été d’offrir gratuitement des repas aux enfants de Phnom Penh, afin de créer des liens autour de l’alimentation. Mais ce n’est pas tout, l’association a trois actions majeures qui ont découlé : un rôle dans la prévention sanitaire, une offre de soins en cas de nécessité, et un accès à l’éducation. Tout cela permet de leur transmettre les règles de vie en communauté mais aussi de les encourager le plus possible dans une scolarisation la plus longue qu’il soit, ou bien encore de lutter contre toute forme d’abus.

LRDE permet aux enfants de se laver, de se reposer, de manger et de jouer. Ils sont très autonomes, ils peuvent faire tous ces gestes de vie quotidienne quand ils veulent : il n’y a pas d’horaires à respecter, c’est un lieu où l’enfant vit sa vie d’enfant comme il l’entend. De plus, pour être un enfant « comme un autre », ils reçoivent de l’argent de poche par LRDE qui leur permet d’aller acheter des petites choses à manger ou à boire ; au Cambodge, beaucoup d’enfants perçoivent de l’argent de poche.

Une école est collée au centre LRDE, pour ceux qui sont scolarisés.

Nous remarquons qu’une relation de confiance est installée entre les adultes et les enfants : le fonctionnement est acquis par tout le monde, et un grand respect mutuel est visible. L’entraide, la solidarité et le partage sont bien les maîtres mots de la vie ici.

La totalité des dons à cette association revient aux enfants : il n’y aucune publicité à visée commerciale et pas de bénéfices servant à un but lucratif. Les dons d’argent ou de nourriture permettent aux enfants de venir au centre ou d’aller à l’école le ventre rempli et reposer, et ceci afin de leur éviter d’aller travailler dans les champs ou d’aller mendier afin de subvenir au besoin de leur famille. D’ailleurs, les dons alimentaires arrivent chaque jour au sein d’LRDE dans des grands bacs et nous les mettons en sacs plastiques afin que tous les enfants puissent en avoir un pour le ramener dans leur famille.

L’endroit où les plats sont cuisinés. Les enfants viennent s’y servir.

LRDE est situé à 2 kms environ de notre appartement à Phnom Penh. Nous partons à 7h30 de chez nous pour arriver à 8h00 là-bas (quand les chauffeurs ne se perdent pas, parce-que la ST 27BT est apparemment bien difficile à trouver ! La première fois que nous savions que nous allions arriver en retard, nous avons appelé Chhiv pour le prévenir, et clairement… Ben ça ne lui faisait ni chaud ni froid… alors que nous, ben on stressait comme en France quand le bus à 2 minutes de retard !).

Notre journée type :

7h00 – Réveil + ouverture de LRDE

7h30 – départ en rickshaw pour LRDE

8h00 – arrivée à LRDE + salutation de l’équipe et tous les enfants

9h30 – les fruits et légumes arrivent dans des bacs. Nous les mettons en sac plastique afin que les enfants en prennent un chacun à la sortie de l’école et puisse le ramener dans sa famille.

10h00 – jeux et activités (libres) avec les enfants

11h00 – nous mangeons avec les enfants. L’école fini aussi à ce moment-là.

12h00 – départ pour Taramana

14h00 – LRDE ferme, les enfants sont ramenés dans leur famille.

Tous les enfants ne viennent pas tous les jours, et d’autres sont très réguliers : là non plus il n’y a pas d’obligation, un tuk-tuk va les chercher chez eux le matin puis les ramène à 14h, voir avant pour certain. Nous remarquons que le lien familial n’est donc pas rompu, ils sont de retour dans leur famille après la matinée.

 

Retrouvez ici notre article sur notre vie à LRDE !

Cinquième jour – Wat Phnom & Marché central

Situé sur une colline artificielle, nous sommes allées voir le Wat Phnom (Pagode sur une Colline, si on traduit mot à mot). Malgré l’intense chaleur, nous avons grimpé jusqu’en haut, telles les grandes sportives que nous sommes. C’est un endroit très apaisant, un lieu de verdure au milieu de toute la pollution de cette capitale. Ceux qui y viennent peuvent prier, allumer des encens, devant un grand bouddha tout en or.

Prière à Wat Phnom. Cette dame avait allumé de l’encens et l’a pris avec elle pour prier, en se prosternant plusieurs fois.

 Wat Phnom vu d’en bas.

En descendant, nous nous sommes fait interpellées par un moine : il nous a donné une petite carte en or avec écrit de belles phrases positives sur la vie. Il nous a aussi offert un petit bracelet en perle tout mignon ! Il nous a dit beaucoup de belles choses, que nous allons avoir une vie paisible et chanceuse. Nous étions très touchées d’échanger avec un moine ! Et puis il a sorti un petit carnet pour écrire son nom, son pays, sa devise monétaire et le montant de son don.

AHHHHHH nous t’avons découvert sacré loustique ! Un FAUX MOINE ! Ben oui on aurait dû s’en douter… le moine est venu nous parler (or, ce n’est pas quelque chose qui leur ai autorisé), il nous a touché en nous mettant le bracelet, mais il nous a surtout demandé de l’argent : un moine ne touche pas les femmes, les femmes se doivent de baisser la tête pour s’adresser à eux, et ils ne mendient jamais d’argent, uniquement de la nourriture !

Du coup, le moine est reparti tout penaud avec sa carte d’or et son bracelet et s’en est allé chercher d’autres touristes ! Alors un grand merci au Guide du Routard pour l’avoir écrit dans son ouvrage !

Avec nos petites jambes, nous avons rejoint le Marché Central (presque 20 minutes de marche sous 35°C, c’est un peu long quand même !). Le Marché Central est un grand dôme doré rempli de bijoux et de vêtements de marques. Tout autour, il y a des petits marchands de fleurs, de vêtement, de fruits, de légumes, de viande ou de poisson à des prix beaucoup plus abordables. Mais nous, on a quand même osé négocier 1 kilos de mangue à 1$… Bon, ça n’a pas marché, la dame n’était pas contente et en plus après on nous a dit que c’était un prix normal sur ce marché. La honte…

L’intérieur du marché central, avec beaucoup de bijoux, de montres, de vêtements de marque.

Etalage de fruits, de légumes…

Lolo dans les fleurs du marché central ! Très estival !

Dans les marchés, souvent nous pouvons nous installer à des tables pour manger des plats préparés sous nos yeux !

Ce soir, nous avons rejoint Charat et Bonita pour manger ensemble. Sur la route, nous sommes surprises par un superbe feu d’artifice au-dessus du Tonlé Sap. C’était en l’honneur des 65 ans du roi actuel, Norodom Sihamoni, fils de Norodom Sihanouk (décédé en 2012). Ils nous ont donc emmené manger dans un grand restaurant : au milieu de la salle nous pouvions nous servir à volonté dans des petits plats (poissons de toutes sortes, calmars, crevettes, crabes, cheval, bœuf, porc, crudités, maïs, nouilles, riz cantonnais…) puis nous pouvions nous installés à une table où était servis une marmite de soupe (deux compartiments : un épicé, un non épicé) et une sorte de plancha pour faire sauter la viande, le poisson ou les crevettes. On ne change pas de chanson : c’était délicieux. Et en plus, très peu cher : 6$ (5€30) par personne, en comptant les boissons. Nous y retournerons c’est sûr !

A gauche, la sorte de plancha pour faire griller ses viandes, poissons, crevettes… A droite, deux compartiments pour la soupe (un non épicé, un très épicé). Vraiment super bon et typique !

Charat, Bonita (sa fille de 11 ans, traductrice officielle 😉 ), Lyly & Lolo !

Et maintenant, au dodo car nous allons commencer le travail au Restaurant des Enfants et à Taramana, dès demain Lundi 12 Novembre ! Nous avons hâte de vous raconter tout ça, car non, nous ne sommes pas là que pour jouer les touristes !

Bon, nous avons été généreuses sur la description dans ces articles mais c’était uniquement pour cette première semaine. Nous vous donnerons des news une fois par semaine lorsque nous aurons commencé le travail, en beaucoup plus concis. Et oui, ça demande du temps de faire tout ça !

A bientôt ! Tchoum reap lir !

Quatrième jour – Tuol Sleng, le musée du Génocide, camps S-21

Ce midi, nous avons décidé d’aller visiter le musée du Génocide à Phnom Penh. Tuol Sleng est le nom de l’ancienne école, avant que cela ne devienne une prison sous le régime des khmers rouges. Entre 12 000 et 20 000 prisonniers ont été tués ici. Seuls 12 survivants sont attestés aujourd’hui.

Nous avions un audio-guide francophone durant les 3h de visite. Ce fût très impressionnant et déstabilisant : nous nous sommes baladées au sein même de là où était questionnés, torturés, et tués les prisonniers… C’est une visite que nous conseillons, pour aider à se rendre compte de ce passé tragique, qui a laissé sa trace dans l’histoire des cambodgiens. Il faut cependant avoir le cœur et la tête bien accrochées… Un petit conseil : prenez le temps pour faire la visite, asseyez-vous sur les bancs entourés de verdure et de fleurs, réfléchissez, pensez, parlez…

Un des messages que l’on retient, c’est qu’à la fin de cette visite, nous avons nous aussi un rôle dans la transmission de cette mémoire, dans le partage de valeurs telles que l’humanité, la tolérance, l’amour et le respect.

   Présentation du musée du génocide S-21

Un lieu qui paraît apaisant au premier regard, mais qui cache un passé inimaginable.

Le bâtiment B, anciennes salles de classes divisées en cellules où étaient enchaînés les prisonniers. 

Le bâtiment B. Les barbelés ont été installés car un des prisonniers s’est suicidé. Par la suite, ils ont voulu empêcher toutes tentatives de suicide.

Après toutes ces émotions vraiment intenses dont on a beaucoup parlé entre nous ensuite (pour évacuer, ça fait beaucoup de bien), le soir nous avons été mangées dans un restaurant d’application « Friends » : le bénéfice sert à contribuer au financement des formations hôtelières de jeunes cambodgiens défavorisés. Nous nous sommes régalées, encore une fois ! Au menu, poisson accompagné de crudités & poulet à la mangue, puis une tarte aux fruits de la passion et mangue. Le tout fait maison, bien entendu !

On dit bon appétit à Lolotte !

Après ce bon resto, nous nous sommes dirigées vers Riverside pour voir le Tonlé Sap et le magnifique Palais Royal de nuit. Nous allons y retourner de jour pour le visiter.

Le Palais Royal

Petit marché de nuit le long du Tonlé Sap

 Troisième jour – Psaar Toul Tum Pong & Monument de l’Indépendance

Ce matin, nous sommes allées au marché Toul Tum Pong, qu’on appelle le Russian Market. C’est un grand marché typique du Cambodge : des fruits, des légumes, des poissons, des viandes, des vêtements, des kramas, des foulards en soie, des sacs… En bref, tout ce qui peut se vendre, se vend là-bas ! Nous avons donc testé pour la première fois nos talents de négociatrices : pas ouf, on l’avoue, mais on essaye (2 dollars de gagné, ce n’est pas négligeable…) !

Nous vous joindrons une photo bientôt mais là on a oublié d’en prendre, les vilaines.

Cette après-midi, nous sommes allées voir le monument de l’Indépendance. Et oui, nous sommes le 09 Novembre 2018 et aujourd’hui c’est les 65 ans de l’Indépendance cambodgienne vis-à-vis de la France. Les magasins ont chacun hissé un drapeau du Cambodge. Quand nous y étions, une flamme était allumée au milieu, ça nous a un peu fait penser à l’Arc de Triomphe.

Le monument de l’Indépendance

Petite balade le long du parc commémoratif, proche du Monument de l’Indépendance

Pendant cette balade, nous sommes tombées sur des temples bouddhistes. Nous sommes rentrées par un grand portail, et nous avons été surprises de voir une sorte de mini-village dans lequel il y a des dizaines de structures religieuses où sont les moines :

Ce soir, Jean a voulu nous faire visiter le casino NAGA à Phnom Penh. C’est un immense bâtiment très moderne, dans le genre Las Vegas : plein de lumière, d’or, un arbre avec des billets de 100 $ suspendu, des gens qui fument à l’intérieur, pas de fenêtre, de très belles filles très bien habillées et très haut perchées sur leurs talons… Autant vous dire que nous, en tongs et en robe longue de plage, on ne se sentait pas trop à notre place ! Même si c’est à voir au moins une fois (c’est effectivement très impressionnant), nous avons été perplexes face à tout ce luxe à côté de toute la pauvreté, tout juste en bas du casino…

L’arbre à sous

Deuxième jour – arrivée chez Jean.

Nous avons pris le petit déjeuner avec Charat et sa fille (qui avait pris sa journée d’école pour rester avec nous) dans un tout petit restaurant sur le bord d’une route. Vous vous doutez bien que nous n’avons pas mangé de croissants ni de chocolat chaud ! Non, ce fut une soupe avec du bœuf, des nouilles, des oignons, un vrai délice ! C’est un des plats principal au Cambodge. En dessert et boisson, Charat nous a fait découvrir l’eau de coco, puis on nous a coupé la noix de coco pour pouvoir en manger la pulpe. C’était trop bon, belle découverte !


Charat & sa fille, Bonita

Ensuite, direction l’école de Bonita, qui tenait beaucoup à nous la montrer. Nous avons bien évidemment accepté ! C’est une école anglophone où elle va uniquement le matin. L’après-midi, elle va dans une école khmère. Nous avons rencontré son maître, qui nous a accueilli d’un magnifique « Welcome to these two beautiful girls ! », trop rigolo.

Ce sont des classes de plusieurs niveaux, mais avec des âges mélangés. La classe de Bonita accueille des enfants de 5 à 12 ans. Ils apprennent de façon libre, pas de bureaux ou de chaises tout bien placés, simplement un apprentissage de l’anglais basé sur des conversations de tous les jours, des échanges. Un vrai plaisir de découvrir cette méthode ! Et là, surprise, le prof lance un jeu auquel nous sommes conviées : tout le monde se met assis par terre, et chaque enfant s’est présenté un par un (son prénom et son âge) puis ils nous ont posé des questions sur ce qu’ils voulaient (nos couleurs préférées, ce qu’il y a en France, notre forme préférée…). Le prof rebondissait sur tout ce que les enfants pouvaient dire, c’était super intéressant de voir les enfants ainsi : libres de faire et de dire ce qu’ils veulent, sans pour autant en abuser, tout en étant respectueux. Et le résultat est là : ils ont 6 ans et comprennent parfaitement l’anglais, ils le parlent presque tout aussi bien. Nous, à 20 ans, à part « Bryan is in the kitchen » ce n’est pas brillant. Bref, on a encore beaucoup à apprendre de cette méthode d’apprentissage en France !

Puis nous voilà reparties avec le taxi de Charat. Nous avons fait beaucoup rire Bonita car nous avons mis nos ceinture… Ben oui quoi, quelle idée ! D’après les explications de Bonita, seulement les personnes de devant ont besoin de mettre la ceinture au cas où il y aurait un accident, mais derrière, NO PROBLEM, on ne risque rien ! Ah bon d’accord, oui pourquoi pas, bon ben on n’a qu’à se détacher alors !

Nous arrivons ensuite là où nous allons habiter pendant les 2 prochains mois : chez Jean. Jean est cambodgien mais vit en France depuis 40 ans. C’est dans son appartement que nous logeons. Il parle très bien le français : ça nous permet de bien discuter sur la vie au Cambodge, les astuces, les prix… ça nous rassure aussi d’avoir un petit bout de France avec nous pour ces 2 premiers mois, on ne vous le cache pas ! Et Jean est un sacré phénomène, il nous fait bien rigoler !

Vue de l’appartement de Jean depuis notre chambre.

Après un peu de ménage et d’installation, Jean nous emmène découvrir AEON : un gigantesque centre commercial (un peu comparable à Atlantis à Nantes, en beaucoup plus grand). Nous avons mangé dans un petit resto thaï pour 10 dollars (8,80 € environ) à nous deux. Nous avons ensuite fait quelques courses, et nous sommes rentrées pour un grand dodo !

Petite installation de notre moustiquaire. C’est le bazar, mais ça…

Au Cambodge, il y a parfois du papier toilette mais parfois… Non ! Alors à votre gauche, voici une petite douchette pour se laver. C’est surprenant les premières fois, on cherche un peu comment ne pas s’en mettre partout, mais c’est très hygiénique !

Et les douches sont ouvertes sur la salle de bain entière, pas de délimitation spéciale comme en France. N’ayons pas peur de tout mouiller, c’est ainsi que ça fonctionne. Bien évidemment, pas d’eau chaude mise en route, c’est douche froide tous les jours !

 

Nota Bene :

Pour nos différents trajets, nous voyageons en rickshaw (un genre de tuk-tuk en moins cher) en réservant avec les deux applications Grab et PassApp, super pratiques pour ne pas se faire avoir, en tant que grandes européennes débutantes au Cambodge : nous pouvons suivre le trajet et surtout avoir une estimation du prix, voire même un prix exact avant la course sur Grab (qui fait aussi des réductions de 20 à 50% sur les courses). Ce n’est pas un attrape touriste, tous les cambodgiens n’ayant pas de voiture l’utilisent, et les prix sont plus que raisonnables ! Bon par contre, niveau sécurité, faut faire confiance au conducteur et à ceux d’en face… Rouler à contre-sens pour eux c’est tout naturel, comme doubler par le droite mais aussi comme griller les feux rouges. Question d’habitude, tout le monde à l’air serein ! Un p’tit coup de klaxon pour avertir qu’on passe, et tout va bien !